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dimanche 25 octobre 2020

Les Lumières contre l'intolérance, cette hydre détestable dont le lit est fait par la paresse, l'idéologie, l'autoritarisme, le lucre...

 
"Conseils" de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices, lus par Christophe Capuano, ami et collègue de Samuel Paty à la cérémonie en hommage à ce dernier

Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits elle leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin, ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse

vendredi 26 juillet 2019

Cherchons les Lumières

Dans l'une de ses master class, le chef d'orchestre Benjamin Zender, à Boston, demande intelligemment à un élève "Quel est votre prochain palier ? " La question s'apparente à celle que posait le philosophe Alain "Quelle est la question à laquelle je ne pense pas ? " Elles sont très belles, mais, dans les deux cas,  il y a sans doute lieu de ne pas confondre une question très locale et une question générale  : il s'agit moins de savoir quel est le prochain palier - c'est bien sûr important ! - que de se poser cette question générale, d'avoir cet état d'esprit de toujours viser l'amélioration,  et non pas seulement pour notre activité professionnelle professionnelle, mais pour l'ensemble de nos activités.
On peut dire tout cela autrement en parlant d'émancipation, terme qui renvoie évidemment vers les Lumières, lesquelles se proposaient d'abattre les "tyrans", la "tyrannie" :   là encore, il s'agissait moins de supprimer la royauté ou le poids excessif de l'Eglise, dont on rappelle que son Inquisition brûlait encore des invidividus, que de mettre en œuvre un véritable humanisme,  de libérer l'individu de ses chaînes.
Parmi ces dernières, il y a la tradition,  et l'attachement que nous avons pour elle,  parce que nous l'avons reçue alors que nous étions enfants. Il nous faut donc grandir,  et grandir est un acte révolutionnaire, parce que cela signifie refuser l'autorité, la contester, la discuter, et n'accepter pour juste que ce qui est apparu ainsi après un examen rationnel.
On comprend que Galilée ait eu des ennuis, moins pour avoir soutenu que la Terre tournait autour du Soleil que pour avoir écrit : "Un bon moyen pour atteindre la vérité, c'est de préférer l'expérience à n'importe quel raisonnement, puisque nous sommes sûrs que lorsqu'un raisonnement est en désaccord avec l'expérience il contient une erreur, au moins sous une forme dissimulée. Il n'est pas possible, en effet, qu'une expérience sensible soit contraire à la vérité. Et c'est vraiment là un précepte qu'Aristote plaçait très haut et dont la force et la valeur dépassent de beaucoup celles qu'il faut accorder à l'autorité de n'importe quel homme au monde ".
Ces mots sont en réalité exactement ceux de Denis Diderot,  ou, plutôt, les mots de Diderot sont exactement ceux de Galilée. Mais Diderot ajoutait une analyse des métiers techniques. D'une part, on n'oublie pas que Diderot naquit d'un père coutelier et, d'autre part, que l'Encyclopédie - cela est démontré par les planches inédites qui ont été gravées pour l'occasion, notamment à propos des techniques-  rapprochait les matières opératives et les matières spéculatives. Cette façon d'entremêler la technique et la philosophie, ce "tissage", est  bien au cœur du projet des Lumières :  il n'y a pas de différence de niveau entre un mathématicien et un horloger,  on ne compare pas les cassis et les framboises, et d'ailleurs, pourquoi les comparerait-on ? N'est-il pas préférable d'admirer ce qui doit l'être, d'apprendre à repérer dans telle ou telle œuvre des beautés particulières que la tête et la main de l'homme y, ont placées ?
S'agit-il pour tout cela d'émancipation ? Le mot a un peu trop de syllabes pour être complètement admissible et, d'autre part, son étymologie qui n'est pas apparente immédiatement (et ambiguë : la main, bon) ne permet pas des connotations parfaitement assurées. Je crains, comme souvent, les interprétations idiosyncratique, mais si le mot est essentiel, s'il mérite une bonne discussion, s'il mérite une comparaison avec "palier", par exemple, nous ne devons pas oublier que nous avons à traquer l'Autorité dans ses manifestations les plus cachées et les plus handicapantes.
Oui, il y a des chaînes à faire tomber et c'est bien l'examen rationnel, les exercices spirituels, qui peuvent conduire à cela. Oui, il faut de la philosophie, et, notamment, de la "philosophie naturelle". Oui, il faut développer les sciences de la nature pour espérer les  Lumières !

samedi 9 février 2019

"Naturellement chimique" : un bon combat avec de mauvais mots


Nous sommes bien d'accord : il faut absolument combattre les peurs irrationnelles, car elles conduisent à des décisions absurdes, et, dans la communauté nationale (ou internationale), cela peut être grave, ou gênant. 
Ces temps-ci, le public a parfois peur de son alimentation, au point que des journalistes (qui ne sont en réalité que des ambassadeurs du public, sans plus de connaissance) en rajoutent, tandis que quelques malhonnêtes manipulent la communauté, idéologiquement ou commercialement.
Et puis, la Raison veut que l'on combatte pour plus de Lumières, n'est-ce pas ? Diderot et ses amis parlaient de "tyrannie", et c'est bien de cela dont il est question : d'obscurantisme. On évoquant des fées ou des sorcières pour les phénomènes que l'on ne comprenait pas, mais la science moderne a mis de l'ordre dans tout cela, et elle n'a pas fini. Plus généralement, le combat des Lumières est loin d'être terminé !

La "chimie", notamment, fait l'objet de discussions idiotes, au "café du commerce" moderne que sont les réseaux sociaux. Il faut pourtant dire que la  chimie est une science de la nature, qui produit de la connaissance. 
Bien sûr, son application peut faire des poisons (ou des médicaments), mais ce n'est pas la chimie qui est responsable de ces produits : l'arbre n'est pas le fruit, comme le disait bien Louis Pasteur !
Dans ce contexte, la Société française de chimie (qui ne sais pas parler français puisqu'elle se nomme "Société chimique de France") veut mener une action qu'elle intitule "naturellement chimique". Le combat est bon : il faut, comme dit plus haut, expliquer au public ce qu'est cette chimie qu'il contribue à développer par ses impôts. Pour autant, le dictionnaire, qui fait loi en matière de définition, indique que le naturel est ce qui ne fait pas l'objet d'une intervention humaine. Autrement dit, l'eau de pluie est naturelle, mais pas l'eau en bouteille -même si elle avait  la même composition-, puisqu'il a bien fallu que quelqu'un capte l'eau, et la mette en bouteille.
Alors... naturellement chimique ? Puisque la chimie est une science, donc toute humaine, il n'y a pas de produits "naturellement chimiques". Et il ne reste qu'une possibilité, pour comprendre sans faute le "naturellement chimique" : l'interpréter comme un "évidemment chimique" (avec donc un usage très rhétorique du mot "naturellement", qui est en l'occurrence très mal venu).
Reste qu'il ne faudra pas confondre la chimie, science, et ses applications. Je répète que l'industrie qui fait usage de la chimie, des connaissances produites par les scientifiques que sont les chimistes, n'est pas une "industrie chimique", puisqu'elle ne fait de la science, mais de la technologie !

mercredi 4 avril 2018

Quelle stratégie ?

Un de mes amis se lamente que le public français doute de la science. Il se fonde sur un sondage publié par un grand quotidien national... et je l'interroge, tout d'abord, avant de discuter les idées qui ressortent du sondage : pourquoi le sondage a-t-il été produit ? Qui l'a produit ? Comment a-t-il été produit ? Pourquoi ses résultats sont-ils publiés en ce moment-même ?
En effet, je ne suis plus assez naïf pour croire que ce sondage soit venu sans intention, et je propose de bien interroger les circonstances, parce que nous risquons d'avoir des surprises : le monde de la communication est plein d'ambitieux, de malhonnêtes, d'idéologues... qui cherchent à nous influencer dans une direction qui les arrange.

Et, n'ayant pas les réponses à ces questions, je refuse absolument de discuter avec mon ami : ne cherchons pas à savoir la couleur des carrés ronds... puisque ces objets n'existent pas.

Pour autant, je suis heureux de discuter avec mon ami, intelligent et soucieux du bien collectif, parce que cette discussion me permettra de mieux de voir la tache aveugle de mes yeux... moi qui ne voit rien qu'un militantisme actif, même si je l'hybride avec des réflexions stratégiques. Oui, j'ai décidé d'être un "hussard de la connaissance", parce que je suis convaincu (une idée, pas une opinion molle) que c'est la clé des Lumières.

Et, en matière de stratégie de communication, en vue d'introduire plus de loyauté et de rationalité dans les débats publics, tout me ramène à un débat, sur une grande chaîne de télévision nationale, contre un "biologiste" (disons plus justement qu'il discutait de questions d'histoire naturelle)  malhonnête, lequel vendait  ses livres en même temps que l'idée des pouces verts, l'homéopathie, la mémoire de l'eau... 
J'ai compris ce jour là que je  n'avais qu'une possibilité : pour montrer quelque chose d'aussi chatoyant que mon opposant foireux (malhonnête), je devais montrer de l'expérience, encore de l'expérience, et toujours de l'expérience, d'où le style de mes conférences (en général), d'où le style de mes cours...
Et ces expériences doivent être les plus amusantes de la chimie... même quand elles n'ont rien à voir avec le sujet traité : c'est de la crédibilité que l'on gagne en montrait de véritables faits  : Jean de la Fontaine disait "Si Peau d'Âne m'était conté, j'y prendrais un plaisir extrême"... et il est vrai qu'amuser mes interlocuteurs permet de gagner du crédit, d'établir les faits (expérimentaux)... et de faire passer des messages rationalistes supplémentaires. Cela, plus beaucoup de gentillesse (le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture), beaucoup d'énergie, cela fera mon compte.
Un détail, d'ailleurs : en écrivant "rationaliste", je viens d'hésiter... parce que cela serait très mal ? Au contraire, c'est essentiel, car c'est seulement ainsi que l'on fera advenir ces Lumières qui permettent de lutter contre les tyrannies et les malhonnêtetés.
Soyons des Hussards de la connaissance !

mardi 8 avril 2014

Un 1er avril révélateur…


   

Un changement de gouvernement le 1er avril ? L'occasion était trop belle... et j'ai annoncé que notre nouveau premier ministre avait besoin de moi à ses côtés, pour la science et l'enseignement supérieur.

Certains ont apprécié l'invitation, m'ont félicité ; d’autres m'ont fait reproche d'avoir accepté, et d’autres enfin n'ont pas eu le temps de se rendre compte de l'énormité : comment pourrait-je administrer, alors que je me gouverne à peine ? Comment irais-je diriger un pays, alors que je récuse bien souvent les prétentions de compétences à le faire ? Les commentaires sur Twitter ont été amusants : "Ah, dommage, vous n'aurez plus le temps de venir au colloque auquel je voulais vous inviter", ou "Vous allez dans le mur"...
Les remarques de personnalités en charge de responsabilité, aussi, ont été amusantes... et le fait que mon annonce n'ait pas été prise pour un poisson d'avril en dit long sur le crédit que l'on me porte, sur le bord politique que l'on me prête, sur les ambitions que je pourrai (je dis bien "pourrai") avoir, sur mes "relations"...
C'est beaucoup trop d'honneur, pour quelqu'un qui cherche seulement à "clarifier", à chercher les mécanismes, à comprendre, à faire rayonner un peu de Lumières, à promouvoir une peu plus de rationalité. 
Pardon à tous ceux qui m'ont cru pendant plus de quelques secondes.

vendredi 19 avril 2013

Les Lumières

A propos d'un  texte de Kant sur les Lumières, Michel Foucault écrit  :


"Nous sommes en état de minorité lorsqu'un livre nous tient lieu d'entendement, lorsqu'un directeur spirituel nous tient lieu de conscience, lorsqu'un médecin décide à notre place de notre régime".

mardi 16 avril 2013

Les Lumières

"Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières."

(Emmanuel Kant, Qu'est-ce que les Lumières, 1794, cité parMichel Foucault, Dits et Ecrits, tome IV, Gallimard, 1984, 562-578)